Sur le fil

La liquidité s’estompe progressivement sur les marchés à la suite de l’arrêt progressif des politiques monétaires et budgétaires ultra accommodantes. Le message est limpide : les investisseurs n’ont plus de filet de sécurité !

 

Un cycle de resserrement monétaire difficile dans un contexte trop inflationniste

Depuis quelques mois, les banquiers centraux ont adopté une posture diamétralement opposée à celle de l’été 2021, en entrant dans un cycle de resserrement monétaire exceptionnellement dur et remontant désormais leurs taux directeurs par tranches de 75 points de base. Il en va de la crédibilité de ces institutions, fragilisées par la persistance inattendue de l’inflation.  Les prix de l’énergie et de l’alimentation vont rester élevés jusqu’en 2023 et vont, en partie, se transmettre sur les coûts de logement et sur les salaires dans un marché de l’emploi déjà fortement tendu. Pour l’instant, les Banques centrale d’Angleterre et Européenne ne réussissent pas à faire fléchir l’inflation et à soutenir leur devise !

Une croissance encore présente

Pourtant, les marchés se sont docilement accommodé des politiques monétaires restrictives, traduisant ce message offensif comme le gage d’une croissance toujours présente, ou du moins d’un « atterrissage en douceur » des économies. Sauf que l’investisseur, lui, est toujours sur le fil. Suspendu aux publications de résultats, il scrute les entreprises capables d’amortir l’explosion des coûts, de conserver un sentier de croissance et de maîtriser leur endettement. D’autant que, la hausse des taux dégrade les multiples de valorisation, devenus très exigeants pour les actifs de qualité. Toute déception est lourdement sanctionnée par le marché.

Rationnaliser les investissements

La construction du portefeuille devient une alchimie de sociétés cycliques, défensives et de croissance, qu’il serait impossible de réaliser sans approches multithématiques. La volatilité sur les actions offre des opportunités sur nombre de secteurs : la santé, la med-tech, les niches de la cybersécurité, du cloud et des fintechs. La « démondialisation » ouvre un cycle d’investissement dans les énergies conventionnelles, de transition et pour la relocalisation des industries stratégiques en Occident.

Le chemin reste étroit ; la rectitude des processus de gestion sera mise à rude épreuve. Tant que la direction des indices est incertaine, une gestion active prend tout son sens. Les entreprises les plus fragiles risquent de souffrir pendant cette période d’ajustement monétaire jusqu’à un niveau de taux « neutre ». Les banques centrales reconstituent des marges de manœuvres afin de pouvoir sauver le monde si, d’aventure, la situation se dégradait plus rapidement qu’anticipé. Le juge de paix sera la qualité des publications de résultats des entreprises pour le troisième trimestre.

 

 

achevé de rédiger le 13/09/2022

Guillaume Di Pizio