Quelles promesses pour 2023 ?
L’année 2022 fut très éprouvante pour toutes les classes d’actifs avec notamment ce mouvement inédit d’une baisse conjointe et de grande ampleur des marchés actions et obligataires. Les investisseurs ont été mis à rude épreuve, les plus téméraires ont subi le krach des cryptomonnaies où le célèbre « Bitcoin » a abandonné les deux tiers de sa valeur.
Quels seront les éléments de ruptures auxquels s’attendre pour 2023 ?
Certes, la volatilité va rester prégnante sur les marchés. Les actifs décorrélés tels que l’or ou les gestions « alternatives » n’ont pas joué leur rôle de « refuge ». L’année 2023 marquera surtout la fin des taux « anémiques » et le retour du « rendement ».
Après plus de quarante ans de baisse des rendements des emprunts d’État et de huit années de taux directeurs négatifs, la rémunération est de nouveau positive ! La crise du Covid a conduit à des injections massives de liquidités et à de multiples plans de relance auxquels sont venus se greffer la hausse des prix des matières premières. Tous les ingrédients sont réunis pour terrasser le spectre de la déflation qui planait depuis tant d’années sur l’Europe. Les économistes en étaient arrivés à parler de « japonisation du marché obligataire » qui était entré dans cette aberration de taux négatifs : les investisseurs s’étaient mis à acheter des obligations remboursées moins cher que leur prix payé.
Après avoir atteint un encours total de 18 000 Mds$ en 2021, l’époque des obligations à taux négatif est révolue
L’inflation n’a pas dit son dernier mot pour la zone euro qui devra assumer le coût de sa souveraineté énergétique. En 2023, la Banque Centrale Européenne poursuivra son mandat de lutte contre la hausse généralisée des prix, conservant une politique monétaire restrictive dans un contexte de taux de chômage très faible.
Aujourd’hui, le « rentier » est de retour, scrutant la remontée du taux sans risque qui place le « loyer de l’argent » à 2%, voire même à 3% sur la première partie de l’année. Les emprunts d’Etats resteront un véhicule d’investissement volatile et les taux sont appelés à se tendre un cran plus haut. En revanche, sur le marché du crédit (la dette émise par les entreprises), l’investisseur voit une palette en produits de taux s’offrir à lui, s’il a un horizon de placement de 2 à 3 ans :
- Les rendements sont d’environ 5% sur les obligations de très haute qualité, d’autant plus que les entreprises de cette catégorie sont les mieux placées pour résister au ralentissement économique à venir.
- Sur les obligations dites à « haut rendement » le taux est de l’ordre de 7 à 8%. Ce segment plus risqué doit être également considéré car les aides gouvernementales de soutien aux entreprises ont solidifié les bilans des sociétés et la remontée du taux de défaut mettra du temps à se matérialiser.
Si la hausse des taux sera un frein pour les emprunteurs, 2023 donne du sens au portage obligataire qui offrira aux portefeuilles le couple risque-rendement qui avait cruellement manqué ces dernières années.
achevé de rédiger le 09/01/2023
Guillaume Di Pizio