POUR UNE POIGNEE DE TRILLIARDS

Le profil atypique de la crise du coronavirus a créé une situation inédite : la mise « sous cloche » des populations a généré une consommation fortement orientée sur l’achat de biens durables (appareils ménagers, de jardins, voitures…). Les usines du monde se sont mises à tourner à plein régime, créant un choc inattendu sur les matières premières. Les plans de relance massifs sur les infrastructures sont venus jeter de l’huile sur le feu, accentuant le sentiment de pénurie sur les métaux industriels, les semi-conducteurs, le pétrole ou les denrées agricoles. Résultat, le cours du cuivre est passé de 4 400 $ à 9 600 $ la tonne depuis douze mois et le spectre d’un retour de l’inflation a généré aux Etats Unis un minikrach obligataire. Ce raisonnement semble trop rapide car avec si peu de tension sur le marché du travail, il est difficile d’imaginer une accélération des salaires.

 

En ce début d’année de reprise économique, les marchés marquent le pas. Ils s’interrogent notamment sur l’ampleur et sur l’efficacité du nouveau plan de relance de l’administration Biden. Les bas de laine des américains n’ont jamais été aussi gonflés, l’épargne cumulée des ménages représentait environ 1 500 milliards de dollars en 2020 et pourrait être portée à 2 400 Mds$ cette année. Les républicains sont d’autant plus sceptiques qu’un doublement du salaire minimum contribuerait à laminer les secteurs sinistrés comme l’hôtellerie-restauration ou le tourisme.

 

Un nouveau plan de relance de 1 500 – 1 900 milliards permettrait à la locomotive économique mondiale de combler une partie de son retard de croissance sous condition que ces dollars soient injectés dans l’économie réelle pour la consommation et l’investissement. La confiance des ménages s’amplifiera par la complète réouverture de l’économie, grâce aux campagnes de vaccination.

 

La planche à billets a déjà énormément tourné, il faut « beaucoup » de stimulus mais pas « trop ». La réponse américaine est toujours plus marquée et plus rapide qu’en Europe. Les investisseurs anticipent l’instant où les populations vaccinées vont sortir, voyager et dépenser leur épargne. Rattraper le temps perdu pourrait se traduire par des élans de consommation « quoi qu’ils en coûtent » ! La reprise d’un cycle est enclenchée, sachant que les dépenses des ménages représentent une partie prépondérante du PIB aux Etats-Unis, en Europe et en Chine. Le chemin de la reprise sera volatil mais les indices actions devraient continuer à prendre de la hauteur. C’est maintenant qu’il faut se positionner sur les actions, avec discernement sur les secteurs jusqu’alors sinistrés. Les « derniers mètres » qui nous séparent d’un retour à une vie normale semblent interminables mais les marchés n’attendent pas, ils anticipent à six mois. Lorsque l’immunité collective sera retrouvée, les trilliards vont cesser de pleuvoir.

 

 

Guillaume Di Pizio
Achevé de rédiger le 02/03/2020