Match retour FED/BCE : 3 – 0

Les injections massives de liquidités étaient le moteur puissant de la sortie de crise. C’est la réactivité des banquiers centraux qui a permis d’éviter les écueils des précédents krachs boursiers et de propulser les indices sur des niveaux jamais atteints ! Les banquiers centraux sont devenus les « gardiens de la galaxie » financière. Désormais, la reprise emprunte un sentier de croissance robuste jusqu’en 2023 mais elle génère des pressions inflationnistes persistantes contraignant à débrancher progressivement la planche à billets.

Une divergence monétaire ?

La FED a enfin ouvert les yeux sur le caractère durable de l’inflation pour accélérer le calendrier du resserrement monétaire (tapering) actant 3 hausses des taux directeurs l’année prochaine. Cet aveu a finalement soulagé les marchés car il est le gage d’une amélioration durable du marché de l’emploi donc de l’économie américaine. Cette normalisation reste graduelle et « flexible » selon les éventuelles conséquences du variant Omicron. De l’autre côté de l’Atlantique, le discours est plus nuancé : zéro hausse de taux anticipé pour l’année prochaine ! L’idée étant de ne pas tuer la reprise européenne dans l’œuf. La BCE s’efforce de ne pas répliquer les erreurs de JC Trichet qui avait monté les taux en 2008 et en 2011 par crainte d’une inflation qui s’est effacée au profit d’une crise économique majeure. La boucle hausse des prix/salaires n’est pas enclenchée comme aux Etats-Unis. D’autant qu’il est à prévoir que le ralentissement des chaînes de production (pour cause de pénuries) va permettre une reconstitution des stocks de métaux industriels et de surcroit la détente de leur prix.

 

Est-il encore raisonnable d’espérer aller plus haut sur les actions ?

D’une part, le marché ne semble pas beaucoup s’émouvoir d’une nouvelle vague de variants en Europe. Après plus de 8,5 milliards de doses injectées depuis l’arrivée des vaccins, « l’immunité collective » reste toujours difficile à atteindre mais l’efficacité des cocktails d’anticorps et pilules anti-covid va permettre de ne plus engorger les services hospitaliers même si les contraintes sanitaires s’ancrent inéluctablement dans notre vie quotidienne.

D’autre part un alignement des planètes galvanise la dynamique de croissance : la forte demande est synchronisée à l’échelle mondiale, les entreprises sont relativement peu endettées, l’excès de liquidité vient en soutien à l’investissement et aux marchés financiers, les politiques monétaires et budgétaires restent très souples. Ceci milite pour privilégier les actifs risqués et notamment les actions. Les valorisations exigeantes incitent beaucoup de sociétés à ne pas décevoir, d’où la nécessité de rehausser la qualité des valeurs détenues dans les portefeuilles, en privilégiant la visibilité.

 

La vitesse de rotation sectorielle s’est accrue

La meilleure stratégie reste la diversification des risques sur trois grands piliers

  • Croissance pérenne des sociétés ayant du « pricing power »,
  • Cyclique avec les thématiques « values-réouvertures » participant à la revalorisation des secteurs sinistrés et aux plans de relance,
  • Défensif, notamment les thématiques pharma et medtech.

Une fois de plus l’adage « un marché haussier ne peut se construire que sur un mur de crainte » va se vérifier sur cette fin d’année car le niveau de liquidité reste pléthorique même si la volatilité sera l’invité surprise de 2022.

 

Achevé de rédiger le 17 décembre 2021

Guillaume Di Pizio