L’été en pente douce … entre écueils et paradoxes

C’est fait ! Les vaccins semblent globalement efficaces contre les variants, la croissance a été revue à la hausse par nombre d’institutions, les secteurs les plus sinistrés réouvrent (tourisme, culture, hôtellerie-restauration…) et les bons résultats des entreprises sont au rendez-vous. Les indices boursiers plafonnent désormais sur leurs points hauts.

Maintenant que les étoiles semblent s’être alignées cet été, à quoi faut-il s’attendre pour le deuxième semestre ?

En apparence, les marchés pourraient retrouver leur torpeur estivale, confortablement installés dans une abondance de liquidités appuyées par le soutien indéfectible des gouvernements et des banquiers centraux.

Pour autant, trois paradoxes doivent être mis en lumière pour ajuster nos allocations :

  • Le variant « delta » se répand à une vitesse folle dans les pays émergents alors que l’Europe et les Etats Unis ont mis pour l’instant peu de freins au déconfinement.

Face aux commandes pléthoriques de vaccins en Europe et aux Etats-Unis : une redistribution en faveur des pays plus défavorisés est à l’œuvre afin de limiter la propagation à l’échelle mondiale et fluidifier la circulation de biens au moment où toutes les chaines d’approvisionnement sont sous tension. La vaccination en deux doses reste clé pour enrayer l’épidémie.

  • Le spectre de l’inflation est réapparu sur les marchés pourtant les taux souverains n’arrêtent pas de baisser depuis deux mois.

Les marchés ont finalement consenti à acheter le discours des banques Centrales sur une « inflation transitoire » où la politique monétaire restera très accommodante tant que la dynamique de reprise ne sera pas solidement ancrée. Cela laisse le temps aux ménages et aux entreprises de profiter de taux extrêmement faibles pour consommer et investir. Les marchés actions se délectent de cette visibilité et de cette liquidité.

  • Le redémarrage est très différent d’une zone à l’autre : les Etats-Unis connaissent une croissance « sans emploi » alors que l’Europe a de l’emploi mais « sans croissance ».

Même si l’administration Biden doit revoir à la baisse les plans de relance, ils restent inédits dans leur ampleur avec probablement 2000 milliards de dollars supplémentaires (contre les 4000Mds initiaux) pour les infrastructures, la santé, le climat et l’éducation. Les aides actuelles aux ménages brident le retour de nombreux américains sur le marché du travail. En Europe, comme à l’accoutumé, la situation est plus complexe. Le plan « Next Generation » de 750Mds voté l’année dernière est toujours en discussion et les pays dit « frugaux » durcissent le ton face au dérapage de la dette des pays méditerranéens.

Dans ce contexte, les marchés d’actions poursuivent leur lente ascension, en pente douce, portés par une dynamique soutenue de progression des bénéfices. L’évolution des variants commence à gâcher la fête sur les dépenses des vacances, aussi l’exposition aux secteurs venant tout juste de rouvrir doit être mesurée. La demande de biens durables continuera d’être soutenue sur la deuxième partie de l’année nourrissant toujours les carnets de commandes des producteurs de matières premières et de semi-conducteurs. Enfin, pour équilibrer la stratégie, la partie plus défensive réside dans les valeurs technologiques et de santé. Les investisseurs reconsidèrent le risque lié au coronavirus. Mais les contraintes sanitaires sont interprétées comme l’assurance d’un soutien inconditionnel des Etats et des banques centrales. Alors, même si quelques averses sont attendues, le soleil continuera de briller sur les marchés cet été.

 

Achevé de rédiger le 6 juillet 2021

Guillaume Di Pizio