Les Banques Centrales abandonnent leur posture de Colombe

L’enlisement du conflit russo-ukrainien fait monter d’un cran l’intensité des horreurs de la guerre dont les images sont largement relayées en boucle par l’ensemble des médias et des réseaux sociaux et l’on peut d’ailleurs s’interroger sur l’absence d’indignation sur les drames de même ampleur en Syrie ou en Afghanistan.

L’Union Européenne doit faire preuve de courage car elle doit maintenant payer le prix fort

En écartant la possibilité d’un conflit armé contre un pays qui dispose de 8 500 têtes nucléaires, l’union des 27 peut renforcer son embargo en décidant de cesser d’acheter du gaz et du charbon russes (les substitutions d’approvisionnement de pétrole étant irréalistes à ce stade). Mais renchérir la facture énergétique c’est ancrer des niveaux d’inflation élevés et ponctionner la croissance européenne…voire faire ressurgir le spectre de la récession.

Le choc inflationniste né de la crise du covid puis renforcé par la crise des matières premières, a contraint les Banques Centrales à remonter leurs taux directeurs, abandonnant ainsi leur posture accommodante sur la croissance et sur l’emploi (colombe) au profit d’une lutte contre la hausse généralisée des prix (faucon). Cela permet également d’enrayer la dépréciation de leur devise et de reconstituer des marges de manœuvres pour intervenir au moment où le cycle s’achèvera.

 

Si l’impact économique de la guerre en Ukraine va avoir un effet domino sur l’Europe de l’Est avant de toucher l’Union Européenne dans son ensemble, les Etats-Unis semblent être moins impliqués

Autosuffisante sur la production d’énergies fossiles grâce à la technologie de fracturation des roches, l’Amérique se propose même d’être LA solution pour l’indépendance énergétique de l’Europe lorsque cette dernière décidera de tourner le dos à la Russie. Avec 80% du PIB réalisé par la consommation domestique, les Etats-Unis négocient leurs importations avec un dollar rendu fort. La dynamique de l’emploi reste lancée à plein régime (plus de 2 millions de postes sont toujours vacants par rapport à la période pré-covid) avec des hausses de salaires permettant de limiter l’érosion du pouvoir d’achat des ménages.

Sell in may and go away, avec un mois d’avance ?

Les marchés rémunèrent toujours plus l’audace que la couardise mais un « cessez-le feu » en Ukraine ne sera pas suffisant pour que les entreprises européennes ne révisent pas à la baisse leurs perspectives bénéficiaires. Les sociétés qui pourront résister le mieux sont celles qui ont un endettement mesuré, la capacité à augmenter leur prix sans faire baisser les ventes (pricing power) et un rayonnement international notamment en Amérique du Nord. Recentrer son allocation d’actifs sur les Etats-Unis n’a jamais été aussi opportun car le du cycle de resserrement monétaire de la FED débute au moment où la croissance est forte et s’accompagne dans un premier temps par une poursuite de l’appréciation des indices actions, encore faut-il que Monsieur Powell continue à en faire usage avec tempérance.

 

 

Guillaume Di Pizio

Achevé de rédiger le 06/04/2022