Et si la hausse des taux était une opportunité pour les actions ?

Le redémarrage en trombe des économies américaines et européennes a conduit à des tensions durables sur toute la chaîne de production. Il semblait illusoire que la hausse des prix dans de nombreux secteurs soit seulement éphémère. Les indices actions auraient pu grimper encore plus haut cet été mais les retards d’approvisionnement, la multitude de pénuries, le ralentissement du taux de vaccination et les incertitudes sur la croissance chinoise ont jeté le doute sur la capacité des entreprises à préserver leur niveau de croissance et de marge.

Quelle stratégie déployer dans les portefeuilles pour cette fin d’année ?

En grande partie, la hausse de l’inflation est imputable à la hausse des prix des matières premières et notamment à la facture énergétique. Jerome Powell n’est toujours pas sorti de sa réserve pour remonter les taux directeurs car il s’agit désormais d’une anomalie dans la production de pétrole et dans la distribution de gaz appelée à s’ajuster et à soulager les prix. Le marché semble surpris par la hausse des emprunts d’Etat à ce stade de la reprise du cycle économique mais un retour vers 2% aux Etats-Unis ou à des taux souverains européens « positifs » s’apparente plutôt à une normalisation plus en phase avec le rythme de croissance des pays. Un PIB de 5,9% est attendu aux Etats Unis avec une inflation de l’ordre de 4,3%. Mais ce contexte incite à recalibrer les portefeuilles :

 

  • Les valeurs technologiques ayant besoin de financer leur croissance supportent mal un renchérissement du coût de la dette, d’autant qu’elles ont été les pépites de la transition numérique avec des multiples boursiers historiquement élevés.
  • De l’autre côté, l’encrage de la croissance s’effectue grâce à la réouverture des économies offrant enfin des perspectives aux sociétés les plus impactées (tourisme, loisirs, transports aériens, hôtellerie et de nombreuses sociétés de services…). Le potentiel de rebond de ces sociétés dites « values » est d’autant plus puissant que les conditions sanitaires s’améliorent dans les pays émergents.
  • Enfin, les risques en provenance de Chine sont condamnés à être contenus. La faillite du promoteur immobilier Evergrande ne sera pas un risque systémique. Le Parti Communiste vient sauver les excès du capitalisme. Le dessein de Xi Jinping à l’aube de l’investiture de son troisième mandat passe par la stabilité sociale et la réduction des inégalités. Si la réduction des surcapacités carbonées aura des incidences industrielles, la correction des valeurs de luxe qui profiteront inéluctablement de la réouverture des économies vont présenter des points d’entrée attractifs.

La hausse des taux s’accompagne du dégonflement de la prime de risque liée au COVID nourrissant nombre d’opportunités pour les actions. Si les perspectives de hausse des indices sont modérées, une rotation sectorielle est à l’œuvre sur le dernier trimestre. Les marchés adorent brûler les icônes qu’ils ont tant adulés. Les valeurs de croissance risquent de souffrir, compte tenu de leurs niveaux de valorisation très exigeants qui seront sanctionnées dès la moindre déception lors des publications de résultats. A contrario, les dépenses dans les services (voyages, hôtellerie-restauration, culture…) seront soutenues par l’épargne pléthorique des ménages aisés. Un positionnement très sélectif s’impose sur ces actifs peu valorisés où les perspectives bénéficiaires vont enfin retrouver les faveurs des investisseurs.

achevé de rédiger le 4 octobre 2021

Guillaume Di Pizio