En toute simplexité !
Pourquoi faire compliqué lorsque l’on peut faire simple ? Les mouvements haussiers et baissiers tant sur les emprunts d’États que sur le cours de nombreuses sociétés deviennent vertigineux, pour ne pas dire psychédéliques. Dans leur combat contre l’inflation, les banquiers centraux ont fini par terrasser la croissance en asphyxiant l’économie avec une envolée du coût de la dette. Les investisseurs se sont mis à scruter le précieux moment où les grands argentiers vont enfin « pivoter » pour cesser de retirer de la liquidité sur les marchés et reprendre une politique monétaire plus accommodante.
Mais voilà, le temps des marchés n’est pas celui des politiques ; les banques centrales doivent d’abord reconstituer des marges de manœuvre en réduisant la taille pléthorique de leur bilan. Ensuite, le retour de l’inflation au niveau des 2% n’est pas prévu pour 2024. Enfin, une baisse « surprise » des taux directeurs traduirait une entrée inattendue dans une sévère récession, ce qui serait douloureux tant pour la capacité des États à rembourser leurs dettes que pour les perspectives bénéficiaires des sociétés. En clair, acheter le marché actions avec pour seule conviction que les taux directeurs vont baisser est une hérésie ! D’autant que la situation est très disparate de part et d’autre de l’Atlantique. Une fois de plus, ce sont les épaules des ménages américains qui vont tirer en grande partie la croissance mondiale. Les élections présidentielles seront porteuses de promesses tant démocrates que républicaines, permettant de redonner de la confiance aux consommateurs-électeurs et aux entreprises. La croissance promet d’être encore au rendez-vous au pays de l’Oncle Sam.
De l’autre côté, l’Europe reste enclavée entre une trop forte dépendance aux prix de l’énergie, des coûts de la transition écologique à marche forcée, son soutien financier à l’Ukraine et l’effondrement des débouchés commerciaux avec la Chine. Ainsi, cette période de publication de résultats est devenue un vrai champ de mines à l’heure où les investisseurs sont avides de croissance tandis qu’elle se dérobe sournoisement. Les déceptions sont cuisantes quel que soit le secteur, aussi bien pour les valeurs du CAC40 : Alstom, Worldline, LVMH, Sanofi…. Les bureaux de recherche n’avaient rien vu venir, les analystes se sont bornés à ajuster leur valorisation à posteriori. Mais finalement, les indices européens n’ont quasiment pas corrigé, augurant une nouvelle jambe de baisse, la triste « capitulation ».
Si les banquiers centraux semblent retrouver la vue, il semblerait que l’optimisme désespéré en Europe entretienne la cécité des investisseurs à la recherche de sociétés décotées. Alors, profitons des rendements obligataires et monétaires très élevés pour faire travailler le temps, en attendant que l’inévitable mouvement correctif prenne corps en Europe.
Achevé de rédiger le 06/11/2023
Guillaume Di Pizio