De l’ivresse à la sobriété
Qu’elle semble loin cette étrange période où la planche à billets tournait à plein régime pour voler au soutien de l’économie et des marchés financiers « quoi qu’il en coûte ».
Aujourd’hui, pas un jour ne passe sans que les gouvernements européens nous invitent à la modération dans l’usage de notre consommation d’énergies. Cette prise de conscience collective est salutaire lorsqu’elle permet individuellement d’adopter des réflexes d’écoconduite, si toutefois elle n’est pas un nouveau facteur anxiogène et de culpabilisation. Nous voilà désormais dans un monde de « ceinture sans bretelle » où les boucliers énergétiques se déploient pour sauvegarder le pouvoir d’achat des ménages aux revenus les plus modestes. L’exécutif est condamné à une politique budgétaire expansionniste. De leur côté, les investisseurs scrutent au pied du sapin, ce que les banques centrales pourraient y déposer comme cadeaux. Ils se sont déjà réjouis de la perspective de ne pas avoir de début de récession au quatrième trimestre et le délice suprême serait d’avoir la perspective que le cycle de hausse de taux s’achève.
Mais est-il sérieux de croire encore au père noël ? Avec l’explosion de la facture énergétique appelée à perdurer jusqu’à l’hiver prochain, les tensions sur le marché de l’emploi qui maintien les salaires à la hausse et la frilosité des ménages à consommer, l’Europe sera inéluctablement sous pression en 2023. La Banque Centrale Européenne sera contrainte de placer ses taux directeurs un cran plus haut que les attentes du marché.
A contrario, les États-Unis ont un coup d’avance à la fois sur le mouvement de désinflation mais aussi sur le méga cycle d’investissement de l’administration Biden, où la priorité est donnée à la relocalisation de toutes les activités jugées stratégiques. L’«America first» va une fois de plus booster les marchés américains qui ont opéré un mouvement correctif depuis bientôt 14 mois.
Comme le disait en son temps Franklin Roosevelt « La seule limite de nos réalisations de demain, ce sont nos doutes d’aujourd’hui. Il y a quelque chose de pire dans la vie que de n’avoir pas réussi, c’est de n’avoir pas essayé. La seule chose que nous devons craindre est la crainte elle-même. »
La dynamique inébranlable de la première puissance mondiale pourrait encore surprendre sur le millésime 2023.
Achevé de rédiger le 12/12/2022
Guillaume Di Pizio