Covid 19 – Comprendre les marchés

La situation inédite d’une crise sanitaire à l’échelle mondiale interroge sur l’ampleur du choc economique

Chaque nation est sidérée par la vitesse de progression du coronavirus et, à ce stade, il n’existe que peu de coordination entre les pays. Une forme de « surenchère » intervient même entre les gouvernements et les banques Centrales pour mettre en place des mesures drastiques afin d’enrayer l’impact financier de « l’arrêt des économies » mises en confinement. Mais cette crise, hors norme, se déroule à une vitesse qui est incompatible avec la capacité de réaction de l’exécutif et des banquiers centraux, conduisant à un sentiment de défiance des marchés financiers. La Banque Centrale Européenne (BCE) a frappé fort hier soir, en annonçant un plan massif de rachat d’obligations de 750 milliards d’euros et en annonçant la création de « Covid-Bond » qui seront émises par les Etats membres de la zone euro et achetées directement par la BCE afin d’assurer leur refinancement.

Mais alors, pourquoi la réaction sur les marchés est-elle si modérée ?

– En premier lieu, la communication fut maladroite et a été perçue comme anxiogène. La BCE a communiqué à minuit, en chiffrant son action (à l’équivalent de 5% du PIB), donnant lieu à des spéculations de revoir à la hausse l’ampleur du choc économique, et la durée du confinement.

– Ensuite, cette action a pour but de stabiliser le système financier et bancaire, nécessaire pour que la liquidité se diffuse dans l’« économie réelle » et aux entreprises qui souffrent de la crise.

– Enfin, face aux déficits budgétaires des états qui se sont fortement gonflés, les taux d’intérêts des emprunts d’Etats s’étaient mis à remonter en flèche, ce qu’il fallait enrayer immédiatement :

 

 

L’autre phénomène qui affecte les marchés est l’effondrement du prix du pétrole à 25$ le baril. L’Arabie Saoudite mène actuellement une politique de baisse des prix en augmentant considérablement sa production quotidienne :

 

 

En conséquence, les productions de pétrole russe et américaine, qui étaient rentables au-dessus de 40$, se retrouvent en difficulté. Ainsi, les banques américaines qui avaient déjà des difficultés à supporter les créances des secteurs aéronautique et hôtelier notamment doivent désormais s’inquiéter sur le secteur pétrolier.

Après cette sévère correction boursière, faut-il investir maintenant ?

Une grande partie de la baisse est dans les cours, cette correction est la plus importante jamais vue sur une durée aussi courte. Si nombre de cours de bourse ne reflètent plus la réalité économique, une incertitude majeure pèse encore aux Etats-Unis car c’est la gestion de la crise sanitaire qui en détermine son coût et sa durée. Il est probable que l’administration Trump décide de passer en phase 3 sur le territoire américain la semaine prochaine, ce qui risque de générer une dernière « jambe » de baisse avant de trouver un point bas propice à une stabilisation, puis un rebond. Aux Etats-Unis, les grands moyens sont déployés avec des distributions de 1000$ aux ménages américains en passe d’être votées. Donald Trump avait fondé ses chances d’être réélu sur la qualité de son bilan économique. Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour satisfaire son électorat avant les élections de novembre. Il reste donc 1 à 2 semaines où la volatilité restera très élevée sur les marchés, avant de trouver enfin de la visibilité en ayant circonscrit l’ampleur du coût de la pandémie et de sa durée.

G. Di Pizio

Achevé de rédiger le 19/03/2020.