BATMMAAN returns

Il n’a échappé à personne que la nouvelle saison de la série « Trump » venait de sortir. Le soutien de Tailor Swift, de la plupart des acteurs des Avengers et de tant d’autres stars d’Hollywood n’aura pas permis à Kamala Harris de devenir la première femme à diriger la première puissance mondiale. L’ironie du sort a voulu que Donald Trump, qui « tweetait » dix fois par jour pendant sa première investiture au point de se faire bannir de « Tweeter » à la fin de son premier mandat, s’est finalement fait élire, en partie grâce à « X ». Les contenants des réseaux sociaux auraient-ils plus de valeurs que leurs contenus ? Avec ses 204 millions followers, Elon Musk (propriétaire du réseau social « X ») est passé maître dans l’art de la circulation de messages, accélérée par des algorithmes. Avec ses 150 millions de dollars dépensés en soutien de la campagne  du candidat Trump, la victoire de ce dernier a fait bondir de 14,75% l’action Tesla le lendemain de l’élection, soit une plus-value de…14 milliards de dollars ! Alors que la communauté financière feignait de s’indigner de la remontée de Trump dans les sondages, elle se félicite de voir les marchés actions s’envoler.

 

Le Grand Chelem

La sidération fut l’étendue de la vague rouge, puisque le parti Républicain remporte la Chambre des Représentants, le Sénat et la Cour Suprême, offrant les pleins pouvoirs au 47ème président des États-Unis. La feuille de route est limpide : baisser les impôts des ménages et des entreprises, inverser les flux migratoires sur le sol américain, taxer toutes les importations et déréguler les secteurs financiers et miniers. Si ces Trumponomics sont inflationnistes et creuseront le déficit, ils auront la vertu de prolonger le cycle de croissance et d’investissement des sociétés. Comme en 2016, les marchés anticiperont et, très certainement, exagéreront jusqu’à la fin de l’année les prises de décision de la nouvelle administration Tump, alors que les premiers décrets ne seront connus que mi-janvier. D’ici là, la fragmentation sectorielle se poursuivra alors que 75% des entreprises du S&P 500 ont battu les attentes de bénéfices au troisième trimestre, faisant ressortir des valorisations prospectives des indices proches de leur moyenne.

Plus loin de la Trumposphère  

Le déficit commercial américain avec la Chine s’élève à 260 milliards de dollars, c’est pourquoi une taxe de 60% sera appliquée à l’ensemble des produits « made in China » entrant sur le territoire américain. Reste à connaitre l’influence d’Elon Musk pour défendre ses investissements dans des « giga-factories » de Tesla en Chine. En effet, toujours convalescents du krach immobilier, les ménages chinois n’ont jamais été autant déprimés et le gouvernement affiche une ferme volonté de relancer son économie. Pour ce faire, il multiplie les annonces de plans de relance portant sur des baisses de taux, des injections de liquidités visant à soutenir les finances des gouvernements locaux et relancer le secteur immobilier. Les marchés restent sceptiques, car l’ampleur de ces stimuli reste inconnue. Le Politiburo sera appelé à l’ajuster en fonction de la posture belliqueuse et protectionniste du futur résident du bureau ovale. La crainte d’un ralentissement encore plus marqué de la deuxième puissance pèse sur l’économie mondiale et notamment l’Europe qui voit sa croissance s’anémier.

 

Sortir du Gotham ?

Dans cette hyper-rotation sectorielle où les martyres sont le luxe, l’automobile et les énergies vertes, où les indices américains sont sur des niveaux historiquement élevés, quelle sera la planche de salut des marchés ? Et non, les 7 magnifiques ne vont pas se changer en 7 maléfiques, meurtries par un protectionnisme exacerbé. Bien au contraire, ces sociétés disposant d’un monopole à l’échelle mondiale dont la capitalisation est comparable aux PIB des pays développés vont continuer d’investir et de prospérer.  Les déficits aux Etats-Unis vont se creuser davantage et ces sociétés sont une manne financière pour l’Etat fédéral qui ne pourra jamais allouer ces montants de recherche & développement, qui représentent plus de 300 milliards de dollars cette année. Ce club très fermé des capitalisations boursières supérieures à 800 milliards vient d’accueillir un nouvel élu : la société Broadcom, spécialiste des semi-conducteurs pour l’Intelligence Artificielle. Ils forment désormais les BATMMAAN (Broadcom-Apple-Tesla-Microsoft-Meta-Alphabet-Amazon-NVDIA).

Adulées ou détestées, ces sociétés emblématiques resteront les gardiennes et le dernier refuge des grands indices américains qui n’ont pas fini d’écrire leur histoire.

 

Achevé de rédiger le 12 novembre 2024 par Guillaume Di Pizio